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En finir avec le MC-QUICK …

par | 22 Sep, 2023 | 0 commentaires

Il y a quelques jours, terminant ma séance d’entraînement par quelques lignes droites bien relâchées sur la pelouse d’un stade bucolique, j’ai eu l’occasion de côtoyer de jeunes footballeurs, pré-ados pour la plupart, qui terminaient un acharné 6 contre 6 sur le terrain voisin. Sous l’œil de leurs entraîneurs, ils se disputaient le gain d’une partie dont les vainqueurs se verraient invités par les coaches, comme je l’ai appris en tendant l’oreille, au restaurant voisin. De quoi galvaniser ces troupes, débordantes d’énergie et à l’engagement endiablé. L’enjeu ? Un passage prolongé au fast-food du coin.

« Savez-vous, osé-je lâcher aux éducateurs, dont je suivais les tergiversations en effectuant mes étirements, qu’en une demi-heure passée dans ce lieu de restauration vous détruisez une semaine d’entraînement méticuleux ? » A en juger aux yeux ronds et ébahis de mes interlocuteurs, j’ai eu l’impression, l’espace de quelques secondes, d’être un extra-terrestre.

« Vous exagérez, lâcha enfin l’un d’eux, qui ignorait tout de mes activités et de mes convictions, il y a des protéines dans le hamburger, et les pommes de terre sont des sucres lents. Et puis il y a aussi un peu de salade. Comme c’est écrit sur les brochures, çà répond bien aux besoins énergétiques des jeunes… Il y a même un médecin qui signe leurs brochures, alors…»

Hallucinant ; qui paie les auteurs de ces documents, eus-je envie de rétorquer ? Que disent les experts neutres à propos de la restauration rapide ? Et enfin, que montrent les investigations biologiques en la matière ? Tout converge pour indiquer qu’un aliment n’est pas seulement une source d’énergie, et encore moins le vecteur d’un type exclusif de nutriment. Affirmer par exemple que les pâtes ce sont des « sucres lents » et les viandes des « protéines » ou encore le lait « du calcium » revient à donner un coup de projecteur sur une caractéristique (importante) de chacun de ces aliments, en oubliant que chacune des denrées qui peut arriver sur notre assiette possède une composition unique. La viande de bœuf, pour ne citer que cet exemple, délivre certes des protéines, mais aussi du fer, du sélénium, du zinc, des éléments protecteurs. Il peut également, selon le mode de cuisson choisi, apporter des molécules cancérigènes, des graisses de natures distinctes (selon l’alimentation donnée aux animaux), et éventuellement des résidus de produits chimiques, même s’il est de bon ton de taire cette réalité (que d’autres aliments partagent d’ailleurs). Un autre exemple ? Toutes les femmes soucieuses de perdre du poids mangent des escalopes de dinde, viande « maigre » par excellence. Avez-vous vu davantage de dindes dans nos campagnes depuis 20 ans, alors que dans l’intervalle la consommation de ce pauvre animal de basse-cour a quadruplé ? Et alors qu’un porc est bien plus gros qu’une dinde, les tranches de jambon de l’un et de l’autre sont de même diamètre.

Troublant, non ? Serait-ce de la viande issue d’une nouvelle race d’animal, le cochon-dinde ? Qu’avale-t-on vraiment, finalement ?

Le rôle de l’alimentation sur notre organisme ne se limite pas seulement à la fourniture d’énergie ou de protéines. On attend d’une ration de « haut niveau » qu’elle fournisse les vitamines, les minéraux, les oligo-éléments et toutes les précieuses substances qui font marcher nos cellules et qui, pour certaines d’entre elles, n’entrent pas dans une catégorie précise, comme le lycopène, les dérivés soufrés de l’ail ou du chou, ou encore la curcumine, pour n’évoquer que ces quelques cas. Le bon fonctionnement de notre corps requiert donc une grande diversité de produits, afin que le zinc, le magnésium, les anti-oxydants et toutes les autres molécules aux dénominations parfois très techniques, apparaissent à des taux les plus proches possibles de nos besoins.

Or, deux dangers guettent notre équilibre.

Le premier, c’est l’appauvrissement croissant des aliments. Compte tenu de l’évolution des modes de production, d’agriculture et d’élevage, et des transformations de plus en plus nombreuses survenant entre l’aliment (la terre) et nous, des aliments très courants en 2010, comme le pain blanc, les pâtes blanches, le lait UHT, le jus de fruit en tétrabrik, les céréales en flocons (invention du dernier tiers du XXème siècle) ont perdu une grande part de la valeur des constituants d’origine.

Le second, c’est la monotonie de l’assiette. A l’opposé d’une Jeannie Longo (dont la longévité, la santé et les résultats devraient davantage inspirer les mœurs alimentaires des jeunes athlètes que le crâne en forme de hamburger de Barthez), certains sportifs consomment tout au plus dix aliments différents dans la semaine. Quant aux cinq fruits et légumes par jour, dans leur cas il s’agit purement et simplement de science-fiction… Or, comme le suggèrent les dernières données scientifiques, l’optimisation de l’état de santé et des performances demanderait plutôt à ce que, chaque semaine, on ne mange pas moins de 40 produits différents. Varier les légumes, les fruits, les viandes, les poissons, alterner lentilles, pois chiches, haricots secs, millet, quinoa, pâtes ou riz, incorporer de bonnes huiles, limiter les aliments industriels, transformés, frits, et qui nous font acheter plus d’emballages que de parties comestibles, sont des impératifs bien plus importants que le fait de manger ou non des pâtes à chaque repas.

Le discours et la pédagogie nutritionnels sont devenus caricaturaux, au point de faire croire qu’aller au fast-food pourrait être bon pour la santé. Pour enfoncer le clou, certaines chaînes de restauration rapide ou de boissons au cola sponsorisent des événements, afin de se racheter une virginité aux yeux du monde sportif. Il faut arrêter cette mascarade. Allez voir comment mange un cycliste professionnel français sérieux aujourd’hui : Vous découvrirez des müeslis « bio », des lentilles, des fruits frais, du lait de soja, des noisettes, des amandes, du maquereau en boîte. Rien à voir avec la néfaste-food, dons sont férus certains adeptes de sports collectifs entre deux blessures, et qu’on essaie de nous faire adopter avec complaisance !

Photos : MCC

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