loader image

Le SKI constitue-t-il un acte d’incivisme ?

par | 21 Sep, 2023 | 0 commentaires

S’il est un mot que tout le monde assène en ce moment, en souvenir des cours d’Éducation Civique qui ont disparu de nos programmes bien avant le début de ce siècle, c’est celui d’incivisme. Comment le définit-on ? Principalement par ce à quoi il s’oppose, c’est-à-dire le civisme. C’est là que mon ami « Petit Robert » vient à la rescousse en me précisant son sens. Que peut-on y lire ? « Terme défini de la manière suivante : Dévouement envers la collectivité, l’État, et à la participation régulière à ses activités, notamment par l’exercice du droit de vote ». L’incivisme constitue donc l’exact opposé et de fait on comprend mal qu’il puisse être employé pour pointer des comportements qui seraient, si on s’en tient à la définition, néfastes à la collectivité. Or, ces derniers temps, un nombre incroyable de citoyens monte au créneau au nom, précisément, du civisme, et d’aucuns de fustiger l’attitude irresponsable de certains de nos concitoyens. Qu’en penser ?

Lorsque on prend le temps de regarder la multitude de posts laissés sur les réseaux sociaux, on hallucine de voir à quel point le public s’approprie à son insu le processus du « syndrome de Stockholm ». Cette expression désigne l’histoire de sujets séquestrés, enfermés sous une dictature ou victimes de ravisseurs et qui, pour réduire leur stress, épousent la vision et la théorie de leur dominateur. Avec le Covid, de telles situations abondent. Untel, au nom de la citoyenneté et de la responsabilité de chacun, fustige ceux qui voudraient braver l’interdiction de skier, et va trouver normal qu’on surveille les récalcitrants décidés à partir en Helvétie mordre la poudreuse. Tel autre dénonce l’attitude de ceux qui auraient l’outrecuidance de désobéir et de participer à des fêtes non officielles, où plus de six adultes seraient regroupés. Un dernier enfin va souligner la bêtise de ceux qui se retrouvent pour s’agglutiner dans les grandes surfaces, les accusant- forts de leurs connaissances en biologie- de contribuer à aggraver la situation. Mais dans quel monde vit-on? Je suis stupéfait de voir le nombre d’experts en immunologie qui s’expriment sur les réseaux sociaux. De quoi s’agit-il exactement aujourd’hui? On sait depuis le début de la pandémie qui est en danger et pourquoi. La Covid 19 (on lui donne un article féminin sans doute pour l’adoucir…) n’est pas un snipper qui tire au hasard sur tout ce qui bouge ; au contraire, il choisit soigneusement ses victimes. On rencontre le même processus avec la grippe, et comme pour celle-ci, un sujet en bonne santé peut porter le virus de manière asymptomatique, sans le savoir ni en pâtir d’une quelconque façon. Cela fait-il de lui un criminel? A force, on ne sait plus..

 

Or, le problème n’est pas le virus en lui-même, mais plutôt la fragilité de celui ou de celle qu’il touche. Quand on connaît, par exemple, l’impact des déficits nutritionnels sur l’immunité, qu’on connaît le statut biologique et les menus proposés aux pensionnaires des EPHAD, on comprend qu’il est plus facile de rejeter la faute sur les citoyens qui essaient de vivre normalement, que sur ceux qui, en dépit de leur pouvoir décisionnaire, ont laissé cette situation sanitaire calamiteuse s’installer. Et que dire des cantines scolaires ? Que penser enfin du stress, que les porte-parole non officiels du discours officiel provoquent  en pointant ceux qui ont l’outrecuidance de voir la situation d’une autre manière que le regard institutionnel ? Bientôt, sortir sans masque et vouloir aller au ski sera pointé comme un acte anti-social. 

 

Or, ce qu’on « donne » à manger à nos enfants et l’impact émotionnel de la privation de liberté, de la menace de faillite, de la peur qu’on instrumentalise, ajoutent à la vulnérabilité de chacun car désormais la crainte, le stress et la délation s’invitent à notre quotidien. Ainsi, ils contribuent à fragiliser encore plus le système immunitaire des plus démunis. En critiquant ouvertement la ligne officielle, me rallierais-je au réseau des complotistes, dont il semble qu’ils n’aient jamais été aussi nombreux ?  J’ai ma petite idée à ce sujet, mais creusons le davantage. Force est de constater que si tout le monde en parle, personne, là non plus, n’a pris la peine de le définir. Alors que nous apprend le dictionnaire à ce sujet ? Le complotiste est celui qui pense qu’il existe des comploteurs, et si possible, ceux ci se situeraient haut dans la hiérarchie sociale. Le comploteur serait donc celui qui fomenterait un complot, terme qui, selon mon vieil ami le dictionnaire, se définit comme « ce qui caractérise des atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation », ou encore la « résolution concertée de commettre un attentat et matérialisée par un ou plusieurs actes », et par extension, un « projet plus ou moins répréhensible d’une action menée en commun et secrètement. »

Autrement dit, lorsqu’on taxe quelqu’un de « complotiste », on spécule sur les intentions qu’il prêterait. « On pense qu’il pense que… ». A aucun moment on  considère que sa position puisse découler d’une analyse objective des faits, telle qu’elle est conduite dans le reportage « mal traités » par exemple, réalisé, devinez par qui ? Par des « complotistes » bien sûr…

Peut-on raisonnablement faire entrer ceux qui s’élèvent contre les mesures actuelles dans le rang des ennemis de l’Etat ?

Bien sûr que non, d’autant que, même en cherchant bien, on ne voit nullement quel profit ils tirent de leur position. Mais en brandissant cette pancarte, comme en agitant l’épouvantail de l’ennemi à combattre, on coupe court à tout débat qui permettrait d’aborder ces questions en profondeur. Oserai-je citer Coluche : « La dictature, c’est ferme ta … La démocratie, c’est cause toujours ! »

On semble flotter aujourd’hui quelque part entre les deux. 

Souhaitons qu’en 2021 on finisse par se poser, et au bon endroit de préférence.

 

Denis Riché – Décembre 2020

Quelque part dans la garrigue du Gard

Le 15ème livre de Denis Riché sera publié le 18 janvier 2021.

Comment le Microbiote gouverne notre Cerveau

 *** Le Cerveau, un deuxième Intestin ***

 


 
 
 

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *